THE MAGPIE SALUTE: Same (2017)

Ce nom mystérieux fait référence à une tradition ancestrale venue du Royaume-Uni et consistant à saluer une pie dès qu’on l’aperçoit afin de s’assurer une bonne journée. Mais qui se cache derrière ?Eh bien, ni plus ni moins que Rich Robinson et Marc Ford, les guitaristes des défunts Black Crowes. Ces deux oiseaux ont décidé de recommencer leur collaboration en emmenant avec eux une flopée de musiciens très doués. Au total, le groupe comporte dix membres. Rien que ça ! Mais toutes ces personnes ne sont pas là pour faire de la figuration comme en témoigne le contenu de ce très bel album. Le blues-rock mid tempo « Omission » propose un solo de guitare bien envoyé. « Comin’ home » contient des réminiscences évidentes des Black Crowes avec, en plus, une légère ambiance Allman Brothers. Le break à la tierce sonne très « Southern rock » des années 70. La ballade « Wiser time » mélange influences sudistes et pop anglaise avec une intro digne de l’ABB, un solo de piano électrique et deux bons solos de guitare qui finissent par se rejoindre à la tierce. Dès l’intro piano/batterie de « Goin’ down south » (un instrumental au tempo médium), on pense à Sea Level puis le morceau se teinte d’accents « allmaniens ». Le southern jazz-rock « War drums » (Sea Level, ABB) sert de prétexte à de belles envolées de six-cordes et d’orgue. Notons également le reggae mélodique « Time will tell » et son super solo de guitare wah wah. Mais deux titres sortent particulièrement du lot. Tout d’abord, « Ain’t no more cane », une très belle ballade country-soul mélodique avec un splendide solo de slide. Ensuite, « Glad and sorry », une ballade plus rapide qui rappelle le rock sudiste des seventies (ABB, Wet Willie, Louisiana’s Leroux, Mama’s Pride). Sur ce morceau, la guitare touche littéralement au cœur en envoyant un solo de toute beauté et débordant d’émotion. Excellent ! Ce disque ravira donc les fans des Blacks Crowes, les nostalgiques des seventies mais aussi tous les amateurs de bonne musique. Autant dire que ça va faire du monde. Voilà, braves gens ! Et si vous apercevez une pie, n’oubliez pas de la saluer si vous voulez passer une bonne journée… ou alors, écoutez The Magpie Salute !

Olivier Aubry

Les corbeaux noirs sont de drôles d’oiseaux. Musicalement bien sûr. Par exemple que font trois membres du groupe et pas des moindres (Rich Robinson, Marc Ford, Sven Pipien) quand ils reforment un groupe ? Déjà ils ne lésinent pas sur le personnel ! Onze musiciens dont trois choristes sans compter Eddie Harsch qui nous a quittés en 2016 et qui était lui aussi dans le coup. Onze musiciens donc et trois guitares enfin pas vraiment car Nico Bereciartua est assez discret, mais le pistolero en chef Marc Ford pète la forme et donne sa pleine mesure…Et puis c’est Rich Robinson qui a les clefs et qui fait marcher toute la troupe, vu le nombre il faut un chef pour éviter que ça défouraille dans tous les coins.
Après il faut trouver un nom. Là avec Magpie Salute, on peut dire qu’ils ont mis le paquet. Euh Rich t’as rien de plus simple comme nom de groupe en rayon. Avec une pochette un peu bizarre, mystérieuse… Et la musique ? Là c’est carrément balèze. Un seul morceau a été écrit pour l’album, le premier, « Omission » avec des riffs qui claquent comme au bon vieux temps, estampillé Marc Ford et des reprises. Des BLACK CROWES certes (“What Is Home”, “Wiser Time”), mais aussi de WAR, PINK FLOYD, The FACES et de Bob MARLEY. Pas vraiment surprenant toutefois, les CROWES ont toujours aimé mitonné quelques reprises aux petits oignons. Quand même pour un premier CD c’est gonflé.

Mais c’est le résultat qui compte. La première écoute donne une étrange impression de décousu, de joyeux capharnaüm, mais c’est trompeur, car au fil des écoutes une cohérence (relative quand même) ressort, des univers différents se mélangent, le groupe est déjà parfaitement au point, et puis vous avez fatalement remarqué que Ford et Robinson sont de sacrés pointures au niveau des guitares. Tout ce qui faisait le charme des BLACK CROWES est présent, cette pulsion rock, mâtiné de blues (« Goin' Down South » de RL Burnside), de rock sudiste (même si Rich ne revendique pas la levée d’une nouvelle « guitar-army »), ce truc qui semble bancal, marchant sur un fil et qui pourtant fonctionne parfaitement. Les chœurs apportent une profondeur et un vernis gospel, accentué par le chant de John Hogg. Ce premier album prometteur met l’eau à la bouche.

Michel Bertelle